Expérience auditive et scène imaginaire dans les fictions du xviiie siècle 

merveille et suggestion

Emmanuelle Sempère

pp. 85-100

Les pouvoirs suggestifs de l’ouïe concernent tout aussi bien les physiciens, pour lesquels la fiabilité des perceptions est de la première importance, que les moralistes et théologiens, qui entreprennent de démasquer les superstitions et de prévenir des dangers de l’illusion. Nous voudrions montrer que les « erreurs de l’ouïe » sont en même temps la base d’un « merveilleux sonore » qu’il serait réducteur de limiter à la musique. Celle-ci renvoie de fait au lien entre le merveilleux et l’expression du sentiment, à une époque où la notion de merveilleux s’est déplacée de la « merveille » à l’effet. Aussi la capacité des sons à faire entendre l’invisible concerne-t-elle tout autant la sphère du divin que celle des relations affectives et de la psyché humaine. La perception auditive par son caractère fugitif et son immatérialité peut créer des « scènes imaginaires » dont l’évaluation en termes de vérité et de fausseté est plus difficile que pour la vue, suggérant un continuum de la sensation entre l’irréel et le réel.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.1776

Full citation:

Sempère, E. (2018). Expérience auditive et scène imaginaire dans les fictions du xviiie siècle : merveille et suggestion. Revue germanique internationale 27, pp. 85-100.

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