La vérité spectrale de L'Homme Moïse

René Major

pp. 165-172

De tous les textes de Freud, L’homme Moïse demeure le plus étrange, le plus énigmatique, le plus spectral. Il soutient une conception de la vérité en histoire propre à déstabiliser toute pensée traditionnelle de l’historiographie. L’apparente hésitation de Freud entre le genre romanesque et la recherche « scientifique » fait contraste avec la nécessité intérieure qui le pousse, « face aux nouvelles persécutions, à se demander comment le Juif est devenu ce qu’il est » (lettre à Arnold Zweig). Une racine de l’antisémitisme est, pour Freud, la jalousie portée par les autres peuples au peuple élu, en raison même de son élection. La question du nom propre revêt dans ce contexte une importance particulière. Revenant aux textes de Yerushalmi et de Der-rida qui dialoguent, à partir du Moïse de Freud, sur la question de l’ « archive », de la filiation, de la famille, de la judéité de la psychanalyse, l’étude met en évidence qu’il y a un Moïse égyptien comme il y a un Moïse des Juifs, un Freud juif et un Freud non juif, le nom de Freud qui s’attache à un système théorique, et une psychanalyse qui se détache de l’implication subjective du nom de Freud.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.814

Full citation:

Major, R. (2000). La vérité spectrale de L'Homme Moïse. Revue germanique internationale - ancienne série 14, pp. 165-172.

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