Freud en héritage 

une identité postjudaïque ou marrane ?

Régine Robin

pp. 173-183

L’identité juive aujourd’hui est traversée par certaines tensions, et cette crise de la « postjudéité » serait une judéité « à la carte ». La situation historique de Freud et de ses contemporains juifs était bien différente, mais on peut la mettre en résonance avec les identités flottantes « postjuives ». Sans culture juive véritable, Freud faisait pourtant état d’une transmission mystérieuse, et le débat sur ce thème a été relancé par Yerushalmi et par Derrida. L’hésitation de Freud entre la conception de la judéité comme héritage de traces mnésiques, matérielles, et la conception d’une « vérité historique » mentale, fantasmatique, construite à la manière d’un roman historique, aboutit au choix de filiations imaginaires, à une façon d’être et de devenir juif hors des assignations des « amis » comme des « ennemis ». Aujourd’hui encore le juif infidèle, le juif sans Dieu est toujours pris dans une nouvelle excentration. Le « marranisme » de Derrida peut être compris à la lumière de Freud. Le marrane et le postjuif apparaissent comme deux figures de notre temps de désaffiliation généralisée.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.816

Full citation:

Robin, R. (2000). Freud en héritage : une identité postjudaïque ou marrane ?. Revue germanique internationale - ancienne série 14, pp. 173-183.

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